Gâteau roulé ou la séquence remember...
"Do you remember, padiya, dancing in september, padiya, never was a claoudy dayyyyyyyy"… Oui madame, les Earth, Wind & Fire ! Il fallait bien ça pour célébrer le gâteau le plus tenté dans les cuisines françaises, le plus honni des ados ingrats adeptes de Savanes gonflés aux amphètes ("quoi ? encôôre un gâteau roulé ?"), le plus raté (pour terminer en bûche béton avec fausse ganache incorporée ou en serpillière à gelée de groseilles), le plus vendu au "Sou des écoles" (sous ses formes les plus extrêmes, mais ça fait rien c’est pour la bonne cause…), le plus copié aux Etats-Unis (leur Angel Cake, tu crois que ça vient d’où hein ?)…
Or donc, ici, pendant que tu jouais à Maria Chapdelaine à te coltiner des trillions de mètres cubes de neige tous les matins pour pouvoir garer ta luge au coin de la 77e rue pour la énième fois cet hiver, la magie du réchauffement climatique couplée au grand n’importe quoi planétaire nous a fait skier sur de la glace fabriquée par des canons, certes moins menaçants que ceux qui surveillent les peuples du Moyen-Orient depuis quelques semaines mais mon anti-militarisme primaire et moi on attendait que ça pour demander refuge dans la cuisine…
Entre deux fournées de fromage fondu sous toutes ses formes (qu'on ne me parle plus de reblochon, beaufort et autres pâtes savoyardes jusqu'en 2014...), nous avons fait des incursions en territoire sucré: tarte aux pommes, BN trempés dans le chocolat chaud au retour des cimes (séquence remember bis), bugnes cuites sur une plaque électrique récalcitrante dans une cuisine de 2m² (légion d''honneur réclamée pour Minnie, a.k.a Mum) et donc, gâteau roulé...
Plus régressif, y’avait le gâteau au yahourt (et je ne te ferai pas l’affront !) ou le quatre-quarts mais le gâteau roulé, c'est ma madeleine à moi, avec son côté aérien (sans un gramme de levure, c’est ça qui me fascine), son moelleux, son sucre délicat… Un retour en enfance (en première) classe ! Il est d’une simplicité enfantine donc mais demande un tout petit peu d’organisation : le côté "ah merde, mais où est-ce que j’ai rangé la gelée de cassis ? Ooooh tiens, c’est quoi ce numéro de Elle à table que je retrouve derrière l’étagère à confitures ?" faut oublier quand t’es sur le point de rouler ton gâteau. Sinon, c’est la faille de San Andrea garantie, fuite de confiture à tous les étages et froncement de sourcils maternels d’ordinaire réservé à mes plats "de bourgeois" et mes non-exploits en caramel : "mais c’est pourtant simple bonté divine…"
Yes we cook, la preuve !
LA RECETTE – Pour six personnes – La base de chez base, préparation 20 minutes, cuisson 10 minutes
125 grammes de sucre, 75 grammes de maïzena, 25 grammes de farine, 1 sachet de sucre vanillé, une pincée de sel et encore du sucre en poudre pour le roulage. Un petit pot de confiture ou de gelée (Là, les historiens divergent : le « vrai » gâteau roulé se fait-il à la gelée de groseilles, à la confiture d’abricots voire à la crème de marrons?)
Tu allumes le four et tu fais chauffer tout doux, genre 160°c. Tu sépares les blancs des jaunes et tu mélanges ensemble la maïzena et la farine. Tu bats jaunes et sucre jusqu’à ce que le mélange blanchisse (call Bob ou fais toi les muscles) et double de volume. Tu bats les blancs en neige ferme (ce qui change de Valmorel sous le soleil!) Tu incorpores la farine doucement, en la tamisant petit à petit et ensuite tu ajoutes les blancs d’œufs délicatement pour ne pas les casser.
Tu chemises une tôle de four (ou un grand moule carré) de papier sulfurisé, tu verses ta pâte dedans, tu égalises avec une spatule et tu enfournes en montant un peu la température, genre 180°c. Bon, là, pas le temps d’aller s’en griller une sur ta terrasse de l'Upper West: dix minutes c’est grand max. Le gâteau va gonfler tout doucettement, il est prêt quand il vire au brun clair sur le dessus.
Et là, ça devient (un tout petit peu) sioux. Pendant que ton gâteau déroulé se dore la pilule, tu étales un torchon propre sur la table et tu saupoudres de sucre, cristallisé ou pas. Tu fais chauffer ta gelée dans une petite casserole avec une cuillère d’eau pour qu’elle soit bien lisse.
Ensuite, une, deux, tu sors la tôle, tu retournes le gâteau sur le torchon, tu enlèves le papier sulfurisé et tu le roules dedans rapido. Le sucre va s’imprégner dans la mie et le gâteau prendre sa forme roulée. Tu t’endors pas sur tes lauriers, tu re-déroules aussi sec, tu étales la confiture et tu re-roules et c'est fini!
Des bises de la montagne, envoyez-nous des flocons siouplaît sinon on va virer obèses !
Laure, from Paris but briefly délocalized à « Valmorel La Belle » (faut ski faut !)