When Marcel meets Jacky
« Les plats se lisent et les livres se dévorent », disait Marcel Proust, grand consommateur de littérature et de madeleines. Une maxime appliquée à la lettre par Jacky Durand, journaliste-cuisinier-épicurien-écrivain-et-star-en-devenir (si tu me demandes) dans son petit OLNI (« Opus littéraire non identifié »), « Cuisiner, un sentiment », sorti en avril de ce côté de l’océan.
Tu prends des souvenirs (il en faut « pour faire des recettes, et aussi l’inverse », dit Jacky), des conseils (« salez et poivrez si besoin et n’oubliez pas de déboucher un Madiran »), des recettes (du « chausson Hénaff » à la salade de lentilles et de haddock : oméga 3, nous voilààà !), de la douceur et beaucoup d'humour (il est comme toi et tes voisins nouillorkais, raide des « déjeuners sur l’herbe », où, dans les années 70, on agglomérait Chips Vico et Samos 99 pour faire des sandwichs-minute loin du monde des adultes qui subissait la « dictature de Tante Jacqueline s’entêtant à reproduire sa dernière réunion Tupperware »), tu mélanges et c’est prêt !
Entre rites et saisons (c’est un pléonasme non ?), on y hume un navarin d’agneau, un panier de « figues faciles », une chorba marocaine ou une pile de crêpes à la Chandeleur. On se promène entre Compostelle et les étals londoniens de Borough Market en passant par un jardin ouvrier en bordure de la capitale, où tout pousse même les panneaux publicitaires. On rit, on pleure et on se précipite dans le supermarché et la librairie les plus proches (tant la bibliographie de "Cuisiner, un sentiment" est fournie et savoureuse…)
A la manière de ses chroniques du jeudi dans Libération (oh ce « On ira tous au radis! » il y a quelques semaines , un monument ! ) compilées sur le blog Foodingues, Jacky épluche « la Bande à bonnotte », prépare un fromage de tête (tiens tiens, ça te rappelle personne ?) et fait mijoter des petits salés dont la légende est née entre « la vacuité dominicale et l’angoisse du bac blanc ».
Pour Jacky, comme pour Marcel, « ce qui compte finalement, ce sont tous ces sentiments généreux qui font qu’on peut aimer nourrir les autres ». A Et toi, tu manges quoi, on ne dit pas mieux (quand on a pas la bouche pleine!)
(« Cuisiner, un sentiment », Jacky Durand, 242 pages, publié au Carnets du Nord)
Et toi, tu lis quoi ?